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  • Photo du rédacteurJosé-maria Danho

Être « Sacrement » Soi !

Dernière mise à jour : 6 août 2019





Il y a quelque jour, une de mes petites soeurs, Leïla Kouassi, me partageait un de ses chefs d’œuvres manuscrit dont le titre était Image. Son texte était si beau, si vrai, si réfléchi, qu’il m’a entraîné dans une spirale philosophique, qui a abouti à une méditation théologique. Ainsi, aujourd’hui j’aimerais vous partager les fruits de cette spirale et de cette méditation, qui ont émergées à l’ancre de sa plume.

Leïla dans sa belle œuvre, nous rappelait que chaque détail compte lorsqu’il s’agit de l’image. Et elle a bien raison!

Pour paraphraser un adage ivoirien dans la même lignée, on dira: “de la manière dont tu te vends, c’est comme ça qu’on t’achète!”

Ceci dit, alors que nous sommes dans une société où tout est orienté vers l’extérieur, il n’en demeure pas moins que nous vivons au quotidien avec le paradoxe de l’image, de notre image a fortiori, piégée entre notre égo (réalité fantasmée) et notre vérité. Ainsi, nous avons tendance à oublier que malgré les soins minutieux déployés pour contrôler l’image que l’on renvoie aux autres, l’image que l’on renvoie traduit tout de même notre réalité intérieure. Hélas, malgré nos ornements extérieurs, notre réalité intérieure ne cesse de transparaître et de nous révéler. C’est toujours “de l’abondance du cœur que la bouche parle” (Luc 6:45). Un tel constat est intéressant et même touchant, car il nous permet de réaliser qu’en vérité, notre image, notre apparence, notre reflet auprès d’autrui, n’est rien d’autre qu’une révélation visible d’une réalité et vérité invisible. Nous sommes donc des sacrements vivants!

Je suis un sacrement, tu es un sacrement, nous sommes des sacrements! Wow! Et cette vérité, lorsque l’on la découvre, nous pousse à aller au-delà de l’extériorité, et même à revoir nos priorités. Cette vérité nous pousse à naviguer dans les eaux profondes de notre intériorité, à nous confronter à la beauté et à la noirceur de nos abîmes, à panser ses blessures par la Lumière divine, avant de s’attaquer à l’extérieur.

Si nous sommes des sacrements, ça veut dire que notre personne révèle une réalité intérieure qui nous transcende: celle de Dieu. Peu importe nos choix, nos blessures, nos artifices, notre personne révèle avant tout que nous sommes nés de Dieu, et que nous sommes ses temples car il réside en chacun de nous l’étincelle de Dieu. Si en chaque individu réside l’étincelle de Dieu, alors, la première image que l’on renvoie est celle de notre dignité humaine. Grande est cette dignité car Dieu (infiniment grand) l’a élevée en voulant élire domicile en chaque personne. Ce faisant, chaque homme est plus grand que sa chute et son péché, parce que Dieu est plus grand que le péché et nos limites. Cela nous pousse également à séparer le pécheur du péché, à considérer l’autre et nous-mêmes au-delà de nos péchés. Vous vous rappelez de l’adage ivoirien “de la manière dont tu te vends, c’est comme ça qu’on t’achète”? Le cas échéant, nous pouvons dire que chaque être humain, parce qu’il est humain, est acheté au prix du corps et du sang du Christ! Notre valeur est donc plus que précieuse, notre prix inégalable, et de ce fait, nous n’avons plus à prouver notre valeur, à vouloir nous “vendre”. Le corps et le sang du Christ ont tout accompli! Si Dieu nous valide, nous avons tout!

Aussi, dire que nous sommes des sacrements signifie qu’au contact de l’autre, un brin de lumière est mis sur notre mystère personnel. Au contact de l’autre, nous nous découvrons, nous découvrons nos qualités ainsi que les défauts de nos qualités, et nous sommes appelés à devenir plus hommes et plus femmes. Alors, si chaque détail compte, c’est non pas pour nous pousser à porter des masques, mais c’est plutôt une invitation à nous ouvrir aux signes qui révèlent notre personne. En prêtant attention à nos signes (ou détails), nous pourrons arpenter le chemin de notre identité, de notre sensibilité et de notre vulnérabilité. Ces signes font de la communion fraternelle un chemin de vertu et de sanctification, car ainsi face à nos vulnérabilités et à nos forces, nous devenons nous! Nous devenons “nous” non pas à cause de ce que le regard de l’autre dit de nous, mais parce que la Lumière divine mise sur le signe révélé au contact de l’autre est venue nous indiquer un pan de notre mystère personnel. Pour ce point, j’aimerais vous partager une petite anecdote. La plupart du temps, les gens que je rencontre me trouvent douce, et ils l’attribuent souvent à ma petite voix. Néanmoins, dans le cheminement de mon mystère personnel, j’ai découvert à la lumière divine que la douceur qu’ils aperçoivent est un signe, mais que son origine n’est pas mon timbre vocal (si c’était le cas, les personnes à la voix plus roque seraient mal barrées niveau douceur!). Ma douceur est plutôt liée à la grâce d’une qualité intérieure que Dieu m’a accordée, et ma manière de parler n’est qu’une expression visible parmi tant d’autres de cette réalité intérieure. Et être doux, ça ne veut pas dire que je suis mollaçonne, ni que je n’ai pas de caractère, au contraire la douceur vient avec la fermeté, et le Seigneur me fait grâce d’être violente intérieurement face aux séductions de la colère et de l’emportement. Je n’ai donc pas à prouver que j’ai du caractère en m’énervant et tapant sur la table pour m’affirmer, je n’ai pas à chercher une validation des autres de mon caractère, car ma douceur alliée à sa fermeté inhérente sont déjà éloquentes de mon caractère. Un caractère choisi à dessein par Celui dont la flamme vivifiante brûle en moi.

Enfin, dire que l’on est un sacrement, c’est arriver à embrasser sans peur ni honte qui nous sommes. C’est accepter notre vérité, sans plus se cacher derrière le masque de l’égo. C’est accepter que nous soyons tels que nous sommes et accepter aussi que l’autre soit qui il est. Être un sacrement, c’est reconnaître qu’autrui et soi, sommes égaux mais non identiques, égaux en humanité et devant Dieu, mais différents. Se reconnaître comme un sacrement nous apprend à nous aimer en vérité et à aimer l’autre en vérité. Comme dirait un grand saint: “si tu ôtes la poutre de ton œil, tu ne verras plus la paille dans l’œil d’autrui”. Ôter notre poutre, n’est-ce pas cheminer intérieurement avec Christ, en vérité et humilité, dans les eaux profondes de notre cœur?

Se reconnaître comme un sacrement, nous affranchit de toute prétention que l’on voudrait jouer devant les autres. Cela nous libère de tout désir de contrôle de ce que l’autre pourrait penser de nous, car notre identité n’est pas définie par son regard, et les signes que son regard envoie ne prennent de sens que purifiés dans le regard transcendant de Dieu. Se reconnaître comme un sacrement, c’est ne plus avoir à rivaliser avec quiconque, car on réalise que nous sommes une édition unique made in God, et qu’il y a de la place pour tout le monde car nous existons parce que Dieu a une mission pour chacun de nous, révélée dans notre mystère personnel. Se reconnaitre comme un sacrement, c’est mourir à son égo, à son moi fantasmé, pour vivre dans l’abondante joie du moi dans la vérité de Dieu.


Alors que je termine sur mon petit cheminement philosophique et théologique, j’aimerais vous inviter, chers lecteurs, à réaliser que vous êtes “sacrement” merveilleux et que votre monde intérieur n’attend que votre saut pour vous révéler la beauté de votre mystère qui se mêle au mystère divin!

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